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JAMAIS (2)

mardi 23 décembre 2008, par Sébastien Rongier

Toute pensée émet un coup de dés.


C’est la fin.
C’est l’hypothèse d’une fin. Fin de rien. Juste le prolongement d’un. trouble.
Alors, on recommence. Pour s’assurer d’être perdu, d’être noyé, englouti dans la masse taillée des mots. Un coup de dynamite. Une ambiance de révolution. d’insurrection. Quand on reprend, on parcourt. Les mots en éventail. de sens. La carte est archipel.
L’île.
Laquelle.
Toutes. Il faut toutes les reprendre. Retrouver la topographie du manque. Tenter l’aventureuse possibilité d’un mot. Entre toutes les largeurs du vide. l’obscurité apparente d’une navigation.
L’atmosphère du soir est lourde. On ne sait de quelle conséquence.
Tenter seulement sa propre inconséquence dans le texte. comme celui qui pénètre une forêt obscure. Mais alors sans guide. A l’aveugle. Dans l’aveuglement tempétueux :    Un coup de dés



C’est ainsi que cela démarrage. C’est ainsi que cela s’in-achève. Les très grandes capitales inaugurales et augurales transpirent sur la page, percent la feuille, bientôt le texte pour mordre sa queue. et se tailler d’autres capitales :  Coup  Dés.
Fin majuscule pour début capitale dans la transparence du cahier jauni : plume taillée au parfum de noir, jalousée par les crayons de couleurs qui bordent le silence du texte, son précipité d’impression.bleu.



Bientôt dans le texte, on se lance.


Bientôt la page, on la tourne. Pour un grand trou. Pour une plus belle.
Un grand vide, et. en belle page. on attaque. On lâche le morceau : fragment poing tendu comme des athlètes sur un podium politique, on jette au monde un cri, une tension, une violence que rien n’arrêtera, une vibration infinie qui n’en finira pas d’échouer sur les rives incertaines d’autres îles plantées sur le mouvement d’une. carte.


JAMAIS



Très grandes capitales : c’est lui qui l’écrit, qui l’entoure.

Entourage de poème : dix sept lettres (espace non compris) et la troisième page entamée, appelant bientôt d’autres mots. Encore.


En attendant, boire le blanc, laisser la liqueur négative se répandre dans les veines de la feuille, éclabousser le regard de celui qui n’attendait pas cela.
Jamais jamais, oh grand jamais, on ne pensait à cela : l’adverbe pivote le texte. son. équilibre fragile : dès à présent tenté. Rien n’est assuré (jamais) : il en faudra du temps à l’adverbe pour trouver sa place dans le cosmos. La place d’après la page, d’après le trou du vertige.
Ce claquement-là : qui marque ce lendemain de déroute.




JAMAIS :
adv. de temps – XIe ; de ja, lat. jam « déjà », et mais, lat. magis « plus ».
I. Sens positif En un temps quelconque, un jour (passé ou futur). Etc.

II. Sens négatif 1. (Négation de temps) NE… JAMAIS, JAMAIS… NE : en nul temps, à aucun moment. Etc.
2. Sans ne et sans reprise du v. A aucun moment. Etc.




Et sans retour, ni reprise : JAMAIS dans le texte ne revient.

Chemin et voie qui vient.