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Les trous. Esquisse de constellation (W.B. 5)

lundi 12 novembre 2012, par Sébastien Rongier

« Ce trou est un petit pan de mur jaune, mais ni jaune ni mur, dans la sévère austérité de cet intérieur. Il en est, pour moi, le punctum. Le « détail touchant » dont parlait Beckett à propos de Bove. Par le blanc de son évidement, il est une bouche d’instruments à cordes. Coupant les cordes par un accident du temps, il est signe de la fragilité du support et de la vanité des figures. Il est nuage en suspens, floconneux, aux bords mal définis, seule partie non maîtrisée du dessin, seule forme courbe, en vague ellipse à deux foyers. Il n’est rien. Ni nuage, ni œil blanc d’aveugle qui me fixe, ni ouate couvrant une plaie, ni résidu, ni morceau d’étoffe arraché d’un rêve — mais métaphore in absentia. Nœud inverse dans la matière ligneuse. (...) Orifice central qui aspire, qui a pu engloutir tout un pan de l’œuvre. Petit, insignifiant, mais béant. »


Dominique Quélen, Les Dispositions de la loi, Invenit, 2012, pages 21-22.



A Portbou, on s’approche de ces trous noirs de l’Histoire, ces masses qui hantent la cervelle. On regarde les souvenirs et les absences, les contre-jours du temps. Portbou n’est pas une ville, ni un lieu de mémoire, mais une figuration de l’absence.



















L’ensemble des Variations W.B.





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