Il avait gardé sa veste doublée par-dessus sa combinaison. Il savait qu’on était en plein été mais il avait bien neigé la semaine précédente. Depuis l’attaque, tout le monde était divisé sur l’origine des phénomènes. Chacun y allait de sa théorie du complot, de son invasion extraterrestre ou de la main de Dieu. Les plus rationalistes avouaient leur incertitude. On avait commencé à noter les changements après le flash. D’abord imperceptibles comme ces fleurs qui ne poussaient plus, ces arbres qui (...)
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Couloir (approche en forme de suite)
Fictions de couloir
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Couloir (4)
20 décembre 2013, par Sébastien Rongier -
Couloir (3)
19 décembre 2013, par Sébastien RongierMais arrête enfin, je te dis que non.
Allez avance.
Tu vois bien qu’il n’y a rien.
Mais non, ils sont tous partis.
A cette heure-ci, ils cassent la croute dans la cour.
On est tranquille, crois-moi.
Evidemment que j’ai les clés des salles. C’est quand même mon job. Mon job ? Ben de leur ouvrir les portes, de veiller à ce que chacun entre dans la pièce qui correspond à son identité, en tout cas l’idée qu’il se fait de son identité. Sa projection. Ici tu sais, c’est un truc qui valse assez (...) -
Couloir (2)
11 février 2011, par Sébastien RongierElle avait tâtonné dans les débris. Un peu à gauche, dans la pénombre, elle savait qu’il restait un morceau de bougie. A cette heure, plus personne dans la cave ne s’agitait. Sinon dans leur sommeil. On avait tenté de garder le rythme d’avant. Mais plus personne ne dormait vraiment. Comme elle, ils restaient recroquevillés dans leur coin, comme des tas découpant le noir, de boules de nuit ramenant sur eux les morceaux de tissu et les feuilles de papier chiffonnés et alourdis par la poussière. (...)
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Couloir (1)
6 janvier 2011, par Sébastien RongierArriver au bout. C’est ce que tu te dis toujours. Encore. Encore maintenant. Mais depuis combien de temps étais-tu toujours là, à mesurer l’approche ?
Juste après l’escalier, à droite des lignes tubulaires, la perspective effrayante de l’infini. Tu te tiens droit devant la masse d’espace et projette ton corps qui avance. Et chaque mouvement ne dépasse rien, ne rencontre rien. Seulement le même pan de mur blanc jauni, semé de tâches et de griffures. Celles des autres. Ceux qui passent et laissent les (...)